Le thé après le drame de Fukushima

Après le drame de Fukushima, continuer à consommer en toute confiance les thés du Japon

Le 11 mars 2011, dans le nord du Japon, un violent tremblement de terre, et le gigantesque tsunami qui a suivi, ont fait de nombreuses victimes et de dizaines de milliers de sans-abris. Le déclenchement conséquent d’un grave accident nucléaire à la centrale nucléaire de Fukushima a amplifié encore largement le drame. Une crainte de voir les cultures et élevages touchés par les retombées radioactives s’est rapidement déclarée. L’appréhension des consommateurs envers les thés du Japon n’est cependant dans l’ensemble pas justifiée, pour les raisons qui suivent.

  •  Le chapelet d’iles qui constitue l’archipel japonais s’étale sur plus de 3 000 kilomètres – à l’échelle de l’Europe, il irait de la Norvège à l’Espagne ! Or, les principales zones de production de thé se situent pour la majeure partie dans la moitié sud du pays, depuis Shizuoka, au sud de Tôkyô, jusqu’à l’île méridionale de Kyûshû. Malgré tout, si vous avez quelques inquiétudes,  vous pouvez demander une preuve de contrôle pour le thé en provenance de certaines régions comme les petites zones, très peu diffusées en Europe, situées au nord de Tôkyô (et dont certaines ont de toute façon été temporairement interdites de récolte et de distribution de leurs produits en 2011), voire éventuellement Shizuoka, dont certaines zones ont été touchées en 2011 suite à la direction prise par les rejets radioactifs en fonction des vents. Consultez donc votre revendeur sur l’origine de son thé, afin de pouvoir consommer le breuvage en toute confiance.
  • En outre, il faut savoir que les thés japonais commercialisés en Europe depuis le drame sont soumis à de stricts contrôles, dans leur pays d’origine comme à leur entrée dans l’Union. Le 26 mars 2011, celle-ci a publié un règlement, qui a connu depuis plusieurs révisions aux sujets des seuils autorisés et des préfectures concernées par les contrôles. Les autorités françaises en particulier ont décidé de contrôler 100% des aliments d’origine animale et des produits frais japonais datant d’après le 11 mars. Les contrôles sont extrêmement rigoureux, même en ce qui concerne les céramiques et objets liés à l’alimentaire. Et pourtant, sur les énormes quantités contrôlées, seul du genmaicha arrivé de Shizuoka le 14 juin 2011 à Roissy a été contrôlé avec un taux de césium supérieur aux seuils autorisés. Il a aussitôt mis en quarantaine, puis détruit, tandis que le Japon se chargeait de rapidement retrouver l’origine du thé afin d’agir en conséquence.
  • Attention aux chiffres diffusés Il faut être prudent et pondéré avec les chiffres qui sont fournis ou qui circulent ici et là. Les spécialistes semblent d’accord pour dire que le taux détecté dans le thé arrêté à Roissy était certes supérieur aux seuils autorisés, mais néanmoins dans une fourchette ne posant à priori pas de risques pour la santé. Les modes de contrôle ont aussi évolué plusieurs fois au Japon, les tests étant d’abord effectués sur les feuilles fraîches, puis dans l’infusion, et enfin, sur décision gouvernementale, sur l’aracha (thé brut, séché). Des thés qui avaient passé sans soucis les premiers tests ont parfois dans le troisième cas révélé des chiffres supérieurs aux limites établies, sans que cela veuille dire grand-chose : en effet, avec la perte de l’humidité des feuilles, le taux de césium peut paraître jusqu’à cinq fois supérieur dans l’aracha à ce qu’il était dans la feuille fraîche et sera dans l’infusion. Ainsi, la part qui ressort dans l’infusion dépasse rarement les 10 becquerels par kilogramme, pour un seuil officiel maximal actuellement autorisé de 200 becquerels dans l’infusion et 500 dans les feuilles. C’est ce que montre la différence dans les résultats entre trois tests menés sur un même produit, négatif dans deux cas, positif dans le troisième . Ce constat rejoint les constatations de recherches menées depuis de longues années au sujet des éléments qui se diffusent dans l’eau. Ainsi, il faudrait chaque jour manger (et non boire) un demi-kilo de feuilles de thé séchées pour arriver au seuil jugé dangereux pour l’organisme. Il faut noter aussi que les tests effectués sur les secondes et troisièmes récoltes sont globalement bons, la radioactivité diminuant avec le temps et la repousse des feuilles. E
  • Pour plus d’informations : Les sites suivants donnent des informations complètes et régulièrement mises à jour sur la situation nucléaire au Japon : Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire : http://www.irsn.fr/FR/Documents/home.htm International Atomic Energy Agency (en anglais) : http://www.iaea.org/ CRIIRAD, Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la radioactivité : http://www.criirad.org/ Synthèse journalière des taux de radioactivité à partir de diverses sources officielles et indépendantes (en anglais) : http://www.safecast.org Greenpeace : http://www.greenpeace.org/france/ NHK World (informations en anglais de la télévision nationale japonaise) : http://www3.nhk.or.jp/nhkworld/index.html