La récolte du thé
Alors que débute la saison du thé, une petite évocation des caractéristiques de la récolte au Japon.
Tout d’abord, la récolte y est fortement mécanisée, mais ce n’est pas forcément gage de mauvaise qualité, les Japonais ayant développé des outils extrêmement précis. Néanmoins, la récolte est encore effectuée à la main pour les thés de qualité comme le tencha, le gyokuro et les sencha supérieurs des zones montagneuses. La récolte mécanique peut être effectuée soit avec des machines portables (par une ou deux personnes), des machines à déplacement guidé par un conducteur et des machines sur rail, mais sur des terrains suffisamment plats.
La récolte commence dès la fin février à l’extrême-sud , et remonte ensuite progressivement, la cueillette ayant normalement lieu à Shizuoka fin avril ou début mai, officiellement quatre-vingt-huit jours après le début du printemps (soit environ le 2 mai). Les thés de la plus grande qualité sont récoltés avant cette date symbolique du quatre-vingt-huitième jour, et traditionnellement on attribue au thé cueilli lors de cette fameuse nuit de fastes vertus. Cependant, ceci ne vaut en réalité que pour les thés de plaine, la période adéquate pour la récolte arrivant un peu plus tard en montagne. En outre, les caprices parfois importants de la météo rendent ces dates assez aléatoires.
L’arrivée du shincha, le thé nouveau, est célébrée à grands renforts d’annonces commerciales, constituant un argument marketing de choc, et marquant aussi pour le monde du thé la plus importante période de travail de l’année. On présente le shincha comme un produit limité en quantité, aux feuilles jeunes et tendres, donnant un sencha au goût à la fois doux et riche, très rafraîchissant. Dans les faits, même si dès la fin juin les emballages abandonnent l’appellation shincha, le thé vendu reste ensuite le même. Et les méthodes de conservation modernes permettent même de consommer toute l’année du thé de première récolte, ce qui n’était pas le cas jusqu’au début des années 1990, la notion de shincha ayant donc avant cette date plus de sens car le thé risquait alors de perdre sa qualité et sa fraîcheur au fil du temps. En outre, shincha ne désigne pas un thé particulier, contrairement à ce que pense le consommateur moyen. C’est pour toutes ces raisons qu’il vaut mieux donc parler de ichibancha (premier thé, thé de première récolte). Il n’empêche que cette première récolte est un grand moment d’effervescence pour les producteurs, qui font souvent une grosse partie de leur chiffre d’affaires à cette période de l’année, surtout les nombreux petits producteurs qui ne font plus qu’une récolte par an.
La première récolte est aussi la période des ventes, durant lesquelles les thés sont vendus aux enchères sur des marchés spécialisés ou par négociation sur le marché de Shizuoka, de loin le plus important du pays. A l’automne, de nombreux concours décernent des prix aux meilleurs thés de l’année, et sont également suivis d’enchères.
Après la première récolte, qui représente environ 50% de la récolte annuelle, vient le nibancha (second thé, au mois de juin pour Shizuoka, environ 30% de la récolte annuelle). Puis le sanbancha (troisième thé, entre la fin juillet et la fin août à Shizuoka, environ 20% de la récolte annuelle). Le thé cueilli en octobre à Shizuoka est le yonbancha (quatrième thé). Les feuilles de bancha sont les secondes feuilles des plantes après la première ou la seconde récolte. Après la première récolte, les feuilles deviennent plus dures et légèrement amères, d’un goût moins riche. Les thés d’été, plus exposés au soleil, sont plus astringents.